4-4- Le subjonctif

Le subjonctif exprime généralement un fait simplement envisagé en idée et non en réalité.

Il est le mode par excellence des propositions subordonnées même si on le retrouve parfois dans des propositions indépendantes ou principales.

> 4-4-1- Dans les propositions indépendantes ou principales

Le subjonctif est utilisé dans les propositions principales ou indépendantes pour exprimer :

>> l’idée d’un ordre lorsqu’utilisé à la 3e personne.

Qu’on en finisse !
Qu’elle ne revienne jamais !

>> une volonté, un souhait, un regret.

Puissiez-vous revenir bientôt !
Pourvu qu’elle arrive à l’heure !
Ne l’eusse-t-il jamais rencontré !
Que Dieu vous garde !

>> une hypothèse, une concession.

Qu’il soit d’accord ou non, nous devons faire cette visite demain.
Qu’il continue comme ça : au point où nous en sommes !

>> l’étonnement, l’indignation.

Que je dise une chose pareille ?

>> une affirmation atténuée.

J’eusse préféré une robe bleue.

>> au plus-que-parfait, l’irréel du passé (aussi appelé conditionnel passé 2e forme).

Il n’eût jamais fait cela.

> 4-4-2- Dans les propositions subordonnées

Le subjonctif est le plus souvent utilisé dans des propositions subordonnées.

> Après des verbes ou locutions verbales exprimant :

>> un ordre, un souhait, un désir, une volonté, une défense : aimer que, attendre que, préférer que, demander que, défendre, vouloir que, désirer que, souhaiter que, vouloir que, exiger que…

Je préférerais que vous restiez chez vous.
Il a très envie que vous l’accompagniez.
Éric craint que sa présentation ne soit trop ennuyeuse.

>> un sentiment (l’amour, la haine, la crainte, l’étonnement, la joie, le regret, la surprise…) : admirer que, aimer que, adorer que, apprécier que, craindre que, redouter que, détester que, déplorer que, s’étonner que…
Il adore qu’on le complimente.
Je crains qu’elle ne revienne jamais.
Nous déplorons que vous ayez dû revenir le lendemain.

Remarque :

Notez que le verbe espérer que est suivi de l’indicatif.

J’espère que tu iras mieux demain.

>> une permission, un consentement, un refus, une attente, une recommandation, un empêchement, une obligation : accepter que, approuver que, désapprouver que, éviter que, refuser que, tolérer que, il faut que, il est nécessaire que, il importe que…

Je ne peux tolérer que telle chose demeure impunie.
Il refuse que tu ailles à cette soirée.
J’accepte que vous assistiez à notre prochain entretien.
Il faut que tu sois à l’aéroport à 8h demain matin.

>> la possibilité, l’éventualité : il se peut que, il est probable que, il arrive que… Il se peut que nous devions remettre la réunion à plus tard.

>> le doute : je doute que, je ne crois pas que…

Je doute que tu sois la mieux placée pour lui dire ça.

Remarque :

Notez que les verbes et locutions « croire que », « être sûr que » et « penser que » sont suivies de l’indicatif.

Je crois qu’elle a raison sur ce point.
Je suis sûre qu’il ne reviendra jamais.
Nous pensons tous que vous devez prendre des vacances.

>> après la construction « cela + verbe » : cela m’arrange que, cela m’amuse que, cela me plaît que, cela m’inquiète que…

Cela m’agace que vous soyez systématiquement en retard.
Cela me rassure que nous ayons un peu plus de temps.

>> après les locutions verbales faire que, faire en sorte que…

Fais en sorte que l’on ne s’aperçoive pas de ton passage.

> Après certaines conjonctions de subordination ou locutions conjonctives exprimant :

>> le temps : avant que (ne), en attendant que, jusqu’à ce que…

Je resterai ici jusqu’à ce qu’il arrive.
Nous irons nous promener en attendant qu’elle finisse son travail.

Remarque :

« Après que » est généralement suivi de l’indicatif.

Après que nous sommes partis, ils ont commencé à tout ranger.

Mais dans l’usage, on a tendance à l’utiliser suivi du subjonctif, de la même manière qu’« avant que ».

Après que nous soyons partis, ils ont commencé à tout ranger.

>> le but ou la crainte : afin que, à seule fin que, pour que, de telle sorte que, de manière que, de peur que, pour éviter que…

Nous sommes restés éveillés toute la nuit de peur que le voleur ne revienne.
Téléphone-lui maintenant pour éviter qu’elle se déplace inutilement.

>> une cause présentée comme fausse : non que, ce n’est pas que…

Ce n’est pas que je ne veuille pas rester, mais du travail m’attend chez moi.

>> Une conséquence après une principale négative ou interrogative suivie de que ou après : pour que, trop (+ adj.) que, assez (+adj.) que, sans que…

Je ne comprends pas que dans telle situation on puisse rester sans rien faire
Elle est partie sans qu’il le sache.
Le bus est déjà trop loin pour qu’il puisse le rattraper.

>> la concession ou l’opposition : quoique, bien que, encore que, malgré que, si… que, sans que, tout…que

Bien qu’il soit le plus grand, il est toujours le premier à faire des bêtises.
Quelle que soit la motivation qui vous anime, demeurez patient.
Si loin que vous soyez, nous pensons à vous.

>> la condition : à condition que, pourvu que, en admettant que, à supposer que, supposé que, en supposant que, si tant est que, pourvu que…

Je reste à condition que ce soit moi qui cuisine.
En admettant qu’il ait raison, nous devrions rapidement appeler l’assurance.

>> la comparaison : autant que, pour autant que…

Pour autant que je sache, le coût de la vie en Irlande est très élevé.

> Après certains adjectifs ou participes :

>> on emploie le subjonctif après les expressions du type « être + adj. / part. + que »  : être choqué que, content que, désolé que, étonné que, ravi que, fâché que, indigné que, surpris que….

Je suis ravie que vous puissiez venir dimanche.
Muriel était surprise que son fils ait déjà terminé ses devoirs.
Je suis choquée que tu oses me demander cela.

>> On emploie le subjonctif après les expressions du type « être /trouver + adj. / part. + que » : être / trouver agréable que, amusant que, étonnant que, impossible que, nécessaire que, normal que, sympathique que, utile que…

Elle trouve étonnant que vous n’ayez pas téléphoné.
C’est amusant que vous vous déguisiez en Laurel et Hardy.
Il est regrettable que vous ne m’en ayez pas avisé plus tôt.

> On emploie aussi le subjonctif :

>> après une locution restrictive « il n’y a que… qui »

Il n’y a que ce vol qui soit direct.

>> après une locution comme « le seul … qui », « le premier… qui »

C’est le seul point que je connaisse en tricot.
C’est le premier livre que j’aie lu en entier.

>> après un superlatif « le plus +adj. / adv. que », « le moins +adj. / adv. que »

Émile Nelligan est le plus admiré des poètes qui soit au Québec.
C’est le moins cher que j’aie pu trouver.

>> dans toute proposition relative exprimant le but.

Je cherche un fauteuil qui soit compact et confortable.

> 4-4-3- Valeur des temps du subjonctif

> Le présent du subjonctif est employé dans la subordonnée lorsque le verbe principal est au présent, futur simple, imparfait de l’indicatif ou au présent du conditionnel.

Il sert alors à exprimer :

>> un fait qui se déroule en même temps que l’action principale.

J’aimerais bien qu’il vienne demain.
Elle trouvait étonnant que vous ne vous soyez jamais revus.

>> un fait futur par rapport à l’action principale.

Je préfère qu’il ne vienne que demain.
Du fait de son travail, je ne pense pas qu’il puisse revenir avant le mois prochain.

Le passé du subjonctif est employé dans la subordonnée lorsque le verbe principal est au présent, à l’imparfait, au passé composé, au plus-que-parfait, au passé antérieur, au futur antérieur, au futur simple de l’indicatif ou au présent du conditionnel.

Il sert alors à exprimer :

>> un fait qui se déroule avant l’action principale.

J’aimerais que tu sois venu hier.
Nous regrettons qu’il soit déjà reparti.

>> un fait qui se déroule avant un moment défini.

Il est indispensable que vous ayez fini ce rapport pour demain.

L’imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif sont essentiellement employés dans l’usage écrit soutenu lorsque le verbe de la principale est à un temps du passé ou au conditionnel.

Il voulut qu’elle revînt.

Dans le langage courant, nous dirons : Il a voulu qu’elle revienne.